9/26/2007

Pens ée 119

A force de travailler sur un écran, on peut avoir la migraine des yeux !
(Merci à cette jeune inconnue du Starbucks de la rue du Faubourg Saint-Honoré)


9/12/2007

20 nouvelles commandes

Ron, qu'on ne présente pas pour les habitués de la "blogosphère", ce monde virtuel animé par des gens réels, a décidé de fêter les 3 ans de son site en proposant à ses lecteurs de lui donner des pistes de nouvelles qu'il composerait en croisant ces suggestions à ses propres souvenirs. Son défi est donc de produire 20 nouvelles...


Le décompte à rebours a commencé, et 3 nouvelles sont disponibles à ce jour :
- Mais avec plaisir
- Madame Charnel
- Logan's run


C'est déjà un régal. Vivement les 17 autres. Et les suivantes.


Pens ée 118

Le Régis Duplan, il adore les contrepétries.



Casimir m ène la grande vie

Casimir mène la grande vieJ'avoue être sûrement dans ma période Jean d'Ormesson, dit Mon gros lapin blanc. J'avoue également avoir été quelque peu influencé par cet interview de Thomas Clément, que je vous présente à la fin de cette note.
Casimir mène la grande vie est un roman, une farce peut-être, à la sauce Candide (d'un certain Voltaire), mais de notre époque. Casimir est un jeune garçon qui ne se situe pas très bien dans la vie. D'une intelligence certaine, mais hors du périmètre scolaire. Il vit avec son grand-père qui est l'incarnation de l'irrascible vieillard qui ne vit que par le passé. Il a pour ami un jeune idéaliste trotskiste qui s'entend parfaitement avec le grand-père. Si celui-ci ne vit que dans l'espoir d'un futur meilleur, celui-là ne vit que dans les souvenirs d'un passé à retrouver. Tous les deux sont d'accord pour trouver le présent invivable. Il ya également un Professeur très érudit en ce qui concerne l'histoire de l'Eglise, mais qui reste blessé d'un échec littéraire qu'il voulait populaire. Il y a également l'amie de l'ami. Et la gouvernante. Tout ce petit monde va se lancer dans des aventures rocambolesques, à la Robin des Bois. Prendre aux (mauvais) riches pour distribuer aux (gentils) pauvres. L'aventure se lit facilement (plus facilement que Candide qui n'en a que le titre), et on passe un agréable moment dans cette fiction, parfois sur le fil de la réalité.
Je me permettrai simplement une remarque. Mon gros lapin blanc, lorsque vous mettez dans la bouche du grand-père cette formule : "il faut être économe de son mépris, les nécessiteux sont nombreux" (je cite de mémoire, donc pardonnez-moi une possible légère inexactitude), il eût été loyal il me semble que le grand-père précisât (ouf, j'ai cru que je n'allais plus m'en sortir avec ces formulations au subjonctif...) qu'il tirait sa phrase de Châteaubriand... Cela peut éviter un malentendu par la suite.


9/11/2007

Le temps de l ' oxymoron

L'oxymoron est une figure de rhétorique où l'on associe deux notions contradictoires pour donner plus de la force à une réalité première : une nuit lumineuse, un silence assourdissant - Camus, se hâter lentement - Boileau...

S'il est une figure de rhétorique qui peut qualifier notre société actuelle, c'est bien celle-là il me semble, à coups de "frappes chirurgicales" et autres "ingérences humanitaires". Si l'oxymoron peut permettre de donner plus de forces au concept original en lui apportant un autre éclairage, c'est une figure qui semble malheureusement de plus en plus utilisée pour donner bonne conscience, quand il ne s'agit pas de tromper : faites des économies en période de soldes, faites un geste pour l'environnement en achetant une voiture propre...

On devrait interdire l'usage de l'oxymoron, quand il ne s'agit pas de poésie.

9/07/2007

Le rrrrru...by

Je me souviens des ces odeurs de camphre, d'élasto, de vaseline, de cirage, de maillots tout frais, de la pelouse humide, de la terre. Du bruit des crampons dans les couloirs, de la tension silencieuse, du discours lointain des quelques meneurs rappelant les règles de base, la solidarité, le combat. Je me souviens de ces envolées où, quand tout fonctionnait - et cela arrivait parfois, nous nous prenions pour des All Blacks. Je me souviens de cette équipe de lycéens qui inventait des combinaisons en touche que nous nous faisions un malin plaisir d'intituler des noms les plus abscons à base de Pythagore, Epsilon, Sigma... C'est un jeu d'intellectuels physiques. De ce pilier qui participait au concours général de latin, tout en étant un des meilleurs scientifiques du lycée, et un spécialiste du coup de tronche pour expliquer dès la première mêlée qui était le patron. Le bruit du talonneur qui tape sur l'épaule du pilier pour indiquer qu'il faut introduire la balle. Je me souviens de ce Gaulois (à cause de ces moustaches à la Vercingétorix) qui, talonneur trappu comme il se doit, courait comme un lapin et prenait un malin plaisir à se joindre aux lignes de trois quarts - c'était l'époque où la norme était de composer une équipe avec des gros lents et des gazelles fluettes. Il y avait aussi ce pilier qui avait une détente sèche d'1,20 mètre qui surprenait tous les preneurs de touche adverses. Celui que l'on appelait Le Pape dont une main pouvait contenir un ballon et 3 têtes, et qui assurait la police  à coups de ses larges battoirs au sein des mêlées, cet endroit où les joueurs se réunissent pour dire du mal de l'arbitre. De ce match où des adultes qui ressemblaient ce jour là à des enfants d'école maternelle parcequ'ils trouvaient que décidément, l'engagement était trop rude. Nous rigolions de leur faiblesse... Jusqu'à la fois suivante où c'était notre tour de se faire châtier. Ce grand dadais qui s'amusait à me buriner le visage au sein du regroupement et qui, comme je le regardais en lui demandant s'il voulait de l'aide, avait eu cette tête de gamin pris en flagrant délit. Il avait rougi me semble-t-il. Ce placage, moment unique dans une vie, où l'on vit l'expérience de la quantité de mouvement et où l'adversaire ne pèse rien. Cet autre placage, qu'il faut assumer parce que ce monstre a réussi à déborder vos troisième lignes, et que ce coup-là, vous n'y couperez pas, c'est pour vous :"P'tain, t'es lourd !" "120 kilos gamin..." Les efforts des entraînements. Les courses, les placages, les pompes, les automatismes sans cess réappris... Le froid, la pluie, la neige même, mais finalement ce bien-être au bout de quelques minutes. Et puis, le boudin froid que nous apportait le boucher de l'équipe (c'était son métier, pas son surnom. Quoique...) que nous dégustions simplement avec du pain et du beurre, et un coup de rouge. Ce café où nous nous étions arrêtés et où nous avions mis les propriétaires en vacances, nous occupant de tout. Ces déplacements où l'on mettait plus de temps pour rentrer d'un voyage de 70 kilomètres que l'équipe qui était partie jouer à 500 kilomètres de là... Ces apéros d'après match qui permettent de diluer les courbatures et désinfecter les coupures aux lèvres, qui n'en finissaient pas car il y en avait toujours un qui n'avait pas offert sa tournée. Les dîners qui s'ensuivaient dans ce café qui nous était réservés, dont le rideau était tiré comme dans ces films où le Clan est réuni.



9/04/2007

Le puits de sciences

On devrait lire plus souvent la rubrique Sciences des quotidiens. Je reviens d'un voyage dans un monde irréel, pourtant proche de nous puisqu'il s'agit souvent de résultats ou de nouveautés, mais qui sont encore tellement loin de tout sens pratique que l'on ne peut que finir par s'évader et imaginer les histoires les plus folles. Les rédacteurs de nouvelles doivent y trouver une matière d'inspiration infinie.

Il y a un grand trou dans le Cosmos, dont on ne sait l'origine - là, je n'ai même pas eu besoin d'imaginer puisque c'est le journaliste qui nous indique les pistes imaginaires, "Résultat d’une guerre apocalyptique entre extra-terrestres ? Parcours de golf pour dieux ?"
Il y a ce chercheur italien qui nous promet pour dans 10 ans la possibilité de jouer à Spider man, et même de pouvoir créer ses propres toiles pour ramener ses proies. L'outil de drague par excellence !
Il y a la possiblité d'acheter des scoucoupes volantes pour la modique somme de 95.000 dollars. Délire ? Leur engin, selon les caractéristiques techniques qui apparaissent douteuses en fin d'article - mais est-ce là l'important ?, volant en moyenne à 3 mètres de hauteur, à une vitesse de 120 km/h, peut-être tient-on là la voiture de demain ? Avec des routes à plusieurs voies, et bien entendu plusieurs étages...
Il y a, dans le genre nouvelle annonciatrice de fin du monde, cette hécatombe de dromadaires en Arabie Saoudite, avec des attaques de champigon microscopique, des relations dignes des romans d'espionnage entre la France et l'Arabie Saoudite, la France "qui dispose du seul laboratoire privé, à Toulouse, qui garde encore la compétence perdue par les grands laboratoires publics universitaires dans ce secteur." (tiens ! tiens !).
Il y a cette formidable épopée sur l'immigration des cochons de l'époque du néolithique (au temps de Conan le Barbare environ).






9/03/2007

Un monde bien b ête

Il y a tout de même quelque chose qui ne doit pas tourner rond ici-bas.

D'un côté, nous avons des humains frustrés ou associables qui préfèrent la compagnie des chiens pour se sentir humain, au risque de se retrouver seul ou en possession d'une arme incontrôlable. Encore une fois, le meurtre récent de cette petite fille ne sera qu'une anecdote qui aura été suivie d'à peine 2 communiqués de presse du ministère de l'intérieur, dont un complètement surréaliste concernant la préoccupation du gouvernement pour interdire les croisements de certains chiens... Un permis pour les propriétaires de chiens, voilà ce qui ne serait pas une mauvaise idée ! Je sais que dans le pays recordman du monde de détenteur d'animaux de compagnie par habitant, ce n'est sûrement pas une mesure politiquement correcte, mais puisqu'il est question de changement ces derniers temps, autant en profiter. D'autant que les chiens étant classés par catégorie, il ne doit pas être compliqué d'établir une grille tarifaire proportionnelle.

Dans le même temps, il y les "défenseurs" des animaux. Eux choisissent de leur côté une action extrême, encore que non confirmée, mais dans le doute... des militants de la cause animale annoncent avoir contaminé des solutions pour lentilles. Dans leurs communiqués, les activistes expliquent : "Nous ne voulons tuer aucun être vivant. Mais les gens doivent ressentir la douleur des animaux qui sont tués par Novartis au Huntingdon Life Science (HLS)". J'en reste coi ! Il faudrait faire une loi pour interdire certains croisements de végétalistes. Le manque de protides doit sérieusement ramollir le cerveau.

Et puis il y a aussi les hommes entre eux. Entendu à la radio aujourd'hui. Un automobiliste qui s'est arrêté après avoir reçu un ballon sur son pare-brise s'est vu frappé par 4 ou 5 jeunes, dont un lui a mis un coup de pied à la tempe. Le jeune homme est décédé. On n'est plus dans les problèmes de scolarisation, ou d'éducation. On est dans la "brutise", la bêtise à l'état de brute. Des sauvages ! Il faudrait sûrement faire une loi, soit pour interdire les ballons, soit pour interdire les croisements des cons. Vaste programme ! comme disait le Grand.


9/02/2007

Le probl ème des asperges

C'est bien connu, le problème des asperges, c'est l'odeur qui se dégage lorsque vous allez uriner quelques heures après. C'est sûrement ce qui a inspiré la municipalité d'Argenteuil, se rappelant que les asperges ont fait une partie de la renommée de cette ville au XIXe siècle lorsqu'elles ont été introduites par Louis Lhéraut, "le Parmentier de l'asperge" qui les cultivait ente les plans de vignes. Ce cadre bucolique attirait les Parisiens qui se rendaient à la campagne pour admirer ses vignes, ses cultures, ses côteaux, ses bords de Seine. Argenteuil devint même un lieu des destination pour de nombreux peintres, dont Claude Monet qui y séjourna de 1871 à 1878.

Les temps changent. Comme on peut le lire dans Le Figaro, la municipalité a ainsi profité de l'été pour traiter les zones où squattent des sans-abris en pulvérisant un répulsif, appelé Malodore - on apprécie le cynisme, dégageant une telle odeur prégnante qu'il devient impossible de rester plus de quelques minutes sur place. Il est bien évident que la mairie use d'arguments fondés sur la sécurité - ne pas entraver une sortie de centre commercial, de tranquilité, d'expérimentation à titre d'essai... S'il y a quelque chose qui pue dans cette histoire, ce n'est pas simplement le produit, ni les sans-abris d'ailleurs. Il est des odeurs nauséabondes que l'on sous-estime souvent.


9/01/2007

La rentr ée d ' Am élie

Ni d'Eve ni d'AdamN'ayant sincèrement pas le temps de lire les 727 nouvelles parutions de la renrée littéraire - quand on parle de crise de l'édition, je me demande s'il est vraiment utile d'imprimer autant..., je reste toutefois attaché aux nouveaux livres d'Amélie Nothomb qui depuis Hygiène de l'assassin continue, régulièrement, à développer son oeuvre.

Avec Ni d'Eve, ni d'Adam, Amélie nous remmène au Japon où elle a grandi jusqu'à l'âge de 5 ans et où elle est retournée lors de ses 20 ans. Cela lui avait permis de nous offrir Stupeur et Tremblements où l'on découvrait l'enfer de l'entreprise et la capacité d'Amélie d'accepter avec délices l'humiliation, peut-être pour mieux s'élever du reste... Nous retournons donc au Japon, un peu avant la période de Stupeur et tremblements pour découvrir une histoire d'amour simple, mais bien entendu un peu décalée par le caractère propre d'Amélie, mais également par les différences culturelles entre un Japonais et une Belge francophone. Les Américains ont Sofia Coppola avec "Lost in translation". Nous avons mieux, nous avons Amélie, qui en est tout de même (mallicieusement) consciente : "on ne dira jamais assez combien je me suis dévouée pour la littérature française." Si ce n'est pas un sésame pour entrer un jour sous la Coupole ! A ce sujet, avec la disparition de Pierre Messmer, nos chers Académiciens ne sont actuellement plus que 33, pour une capacité de 40 sièges. Etonnant cette dichotomie croissante entre d'un côté une inflation du nombre de livres édités chaque année, et le rythme de la Coupole qui a du mal à se maintenir à son plein potentiel d'immortels.

Peut-être est-ce lié au sujet, c'est une histoire d'amour après tout, mais il me semble qu'Amélie est moins fougueuse que dans ses romans précédents. Elle mûrit, sûrement. Mais son style est toujours aussi précis et tranchant à l'image de ce katana qu'elle tient entre ses doigts sur la photo de couverture.
"Rinri m'emmena jusqu'au rivage le plus au nord.
- Tu vois là-bas ? dit-il en pointant l'horizon marin. On devine Vladivostok.
J'admirai son imagination. Mais il avait raison : la seule terre pensable derrière ces nuages carcéraux était la Sibérie."

"Derrière ces nuages carcéraux était la Sibérie". Comment peut-on faire aussi concis pour décrire et faire comprendre une situation ?