11/13/2007

Une nation se gouverne-t-elle comme une entreprise ?

Nous avons un chef d'Etat qui présente toutes les caractéristiques du créateur d'entreprise : il est sur tous les fronts, il ose de nouvelles grilles de lectures et d'actions, il s'implique personnellement dans les dossiers...etc. Sincèrement j'adore. Enfin un politique qui met ses c... sur la table pour affirmer ses convictions.
Il est vrai que la France a toujours eu un problème avec l'argent, la création de richesses, surtout l'entreprenariat. Il est vrai qu'il était temps de remettre en place un certain nombre de repères, la première étant qu'on ne peut partager que ce qu'on possède, ou pour être plus précis ce que l'on crée.
Ode à ceux qui bossent donc, à ceux qui se lèvent tôt, à ceux qui développent et créent de l'emploi. Le royaume des Francs (j'ai essayé la conversion en Euro, mais pour le coup l'expression perd vraiment de sa saveur) est enfin à eux.
Puisqu'il n'y pas d'opposition intéressante actuellement en France, et comme je ne peux m'empêcher de jouer les avocats du diable (certains diront le chieur), il convient toutefois de se demander si le management Sarkozy ne soulève pas deux problèmes.
Le premier est qu'il ne me paraît pas raisonnable de diriger une nation comme une entreprise. Une nation ne se définit pas uniquement par des critères de rentabilité ou de rationalité économique. Certaines valeurs humaines sont au-delà de ces contingences matérielles, et c'est toute la force d'une nation que de savoir entretenir ses fainéants, ceux qui se lèvent tard. Ce sont eux qui élèvent l'esprit. Encore faut-il ne pas faire l'amalgame entre les fainéants et les nantis, ce qui me permet de vous interdire de me classer parmi les supporters des grévistes qui usent de leur pouvoir de nuisance pour défaire un pays, au nom de prétendus avantages qui ne sont en fait que des extorsions.
Le second est qu'il me paraît dangereux pour un leader qui doit assurer un rôle de dernier recours de se mettre ainsi sur le devant de la scène. Cela présente un risque de découragement pour l'équipe qui l'entoure qui se dit qu'au final ce qu'ils feront ou ne feront pas sera repris par leur patron. Cela présente également un risque plus grand de blocage de la machine un jour ou l'autre. Quel est l'ultime recours pour arbitrer, trancher, trouver le consensus... le jour où cet ultime recours a déjà consommé ses munitions en s'exposant trop tôt ? Les entreprises (les grosses) ont d'ailleurs créé ce poste à l'intitulé poétique "Président non exécutif"... Pour prendre un exemple plus mer à mer, le skipper d'un bateau tient rarement (si ce n'est jamais) la barre; il pense et donne ses directives.

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